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Baisse sans précédent
A l’instar de l’économie mondiale, l’industrie horlogère suisse a traversé un premier semestre marqué par une crise sans précédent, dont les conséquences vont durablement l’affecter. Au cours de la période, le marché s’est arrêté pendant de longues semaines et la majorité des flux ont été interrompus.
Après un début d’année prometteur mais ignorant encore le Covid-19, les exportations horlogères suisses ont amorcé une très forte baisse en mars, puis ont connu un coup d’arrêt en avril et en mai. Bien que très prononcé, le recul affiché en juin indique que le choc initial est passé et que le redressement attendu a timidement commencé, même s’il n’est dû qu’à la Chine pour l’instant. En six mois, la branche a exporté l’équivalent de 6,9 milliards de francs, bien loin des 10,7 milliards affichés l’année passée à la même époque. Il s’agit d’une baisse de 35,7% par rapport au premier semestre 2019. Le premier trimestre n’a été affecté pratiquement que par une diminution en Chine et a enregistré un repli de 7,4%. Les conséquences les plus lourdes de la pandémie ont touché le deuxième trimestre, qui a vu les exportations horlogères plonger de 61,8%.
La fin du premier semestre ne correspond pas à la fin d’un cycle, mais à une période de transition entre un choc inédit et un long retour à la normale. Au-delà du bilan chiffré à cet instant précis, l’observation de l’évolution des principaux facteurs influençant le marché horloger permet d’esquisser le redressement de la situation. Le premier constat révèle un niveau élevé d’incertitude. Les estimations concernant l’ampleur du recul final sont encore grossières. Il en va de même pour le temps nécessaire à un retour à la normale. La confiance des consommateurs constitue un élément déterminant pour la reprise. A l’heure où tous les regards se tournent vers la Chine, qui présentent les premiers signes de redressement, de nombreux facteurs pèsent encore sur la dynamique de reprise. Hong Kong est pratiquement à l’arrêt, subissant à la fois les conséquences de la crise sanitaire et de sa situation politique. Les Etats-Unis sont encore durement frappés par la pandémie et l’Europe souffre de la réduction drastique du tourisme international, qui pénalise fortement toute l’activité de travel retail. Selon les acteurs concernés, le tourisme international ne reviendra pas à la normale avant trois ans, constituant ainsi un frein durable aux ventes de produits de luxe, dont les montres. Dans la même optique, le rapatriement de la consommation en Chine s’accélérera, mais s’étalera tout de même sur plusieurs années et ne compensera donc pas immédiatement les baisses enregistrées ailleurs.
Globalement, le retour à la normale pour l’horlogerie suisse s’inscrit dans une perspective à moyen, voire long terme. Les exportations horlogères devraient refléter une contraction du marché d’environ 30% dans l’ensemble en 2020, avec des différences parfois marquées selon les différents acteurs.
Les produits
Les montres-bracelets ont généré 95% du chiffre d’affaires à l’exportation entre janvier et juin. Leur valeur a indiqué un recul de 35,3% par rapport au premier semestre 2019. Durant la première moitié de l’année, la Suisse a expédié 5,5 millions de garde-temps à l’étranger, contre un peu plus de 10 millions l’année passée, soit un repli de 44,9%.
Tous les segments de prix ont été concernés par la baisse. La gamme 200-500 francs (prix export) a été la plus touchée et a diminué de moitié. Les montres de plus de 3'000 francs, qui représentent plus de 70% de la valeur totale, ont fait légèrement mieux que la moyenne, avec un recul de 32,7%.
Les marchés
La baisse du premier semestre reflète plus l’interruption effective ou la forte réduction généralisée des flux logistiques qu’une réelle variation de la demande. La ventilation des exportations horlogères par régions n’apporte par conséquent pas d’indication supplémentaire sur l’évolution du marché. L’Asie (-35,7%), l’Europe (-36,8%) et l’Amérique (-32,9%) ont toutes connu un repli comparable à l’issue des six premiers mois de l’année.
Tous les débouchés se sont inscrits en nette baisse entre janvier et juin. La Chine s’est toutefois distinguée par un recul limité à 14,6%. Les exportations horlogères y ont moins diminué en prévision de la reprise, qui s’est d’ailleurs concrétisée en juin, avec une progression mensuelle de 47,7%. Sous l’angle des exportations horlogères, les autres marchés ne présentent pour l’instant pas de signes de reprise réelle. |