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Les commandes n’ont cessé de se tasser depuis le début de l’année, et la situation ne devrait pas s’améliorer en 2020.
Les PME du secteur des machines n’ont pas le moral. Selon une étude réalisée par l’institut BAK Economics pour le compte de leur faîtière, Swissmechanic, plus de 70% d’entre elles qualifiaient en octobre la conjoncture actuelle d’«insatisfaisante», alors qu’elles n’étaient que 50% à poser ce diagnostic au début du mois de juillet.
Et pour cause: depuis le début de l’année, les commandes n’ont cessé de diminuer, note l’institut. Les carnets de commandes ont diminué pour 68% des entreprises au troisième trimestre, contre respectivement 51% et 33% aux deuxième et premier trimestres. Les attentes pour le dernier quart s’améliorent légèrement: «seulement» 62% des entreprises s’attendent à ce que cette baisse perdure. Les chiffres d’affaires s’en ressentent, puisqu’au troisième trimestre 2019, ils sont majoritairement en recul (60%) par rapport à l’année précédente, ou au mieux inchangés (24%). Le manque à gagner provient aussi bien des échanges avec l’Europe (57%) ou les États-Unis (54%) que des ventes en Suisse (53%). Les projections pour le 4e trimestre misent sur des chiffres similaires.
La raison principale de cette détérioration de la conjoncture dans le secteur des machines, équipements électriques et métaux est avant tout politique, pointe l’étude. Tant à l’étranger, avec les incertitudes prolongées générées par la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, et l’interminable feuilleton du Brexit, dont l’issue est reportée au 31 janvier, qu’à l’intérieur du pays.
Suspendus à l’accord institutionnel
En effet, tant que l’accord institutionnel entre la Suisse et l’Union européenne n’est pas sous toit, l’incertitude prévaudra, notamment en ce qui concerne les mises aux normes des biens d’exportation. Cela est particulièrement vrai pour les technologies médicales, facilitées par un accord de reconnaissance avec l’UE. En clair, un appareil dont la mise sur le marché est autorisée en Suisse n’a pas besoin de subir un nouvel examen, long et coûteux dans la plupart des cas, pour être vendu en Europe.
Si ce type d’arrangement devait tomber, en cas d’échec de l’accord international, les exportations en souffriraient d’autant plus. Rappelons que l’UE représente pour la Suisse 61% de ses échanges commerciaux (importations et exportations confondues), alors que pour l’UE, elle ne constitue que 7% des échanges. Il faut compter encore avec la continuelle appréciation du franc, passé de 1,15 à 1,11, et qui devrait être de 1,10 par rapport à l’euro l’année prochaine.
Manque de fonds propres
Il y a tout de même quelques signaux positifs, note le directeur de Swissmechanic, Jürg Marti: «Notre baromètre économique montre que, malgré la situation très tendue, des investissements sont encore effectués, bien que de manière très prudente.» Mais si globalement 30% des investissements seront consacrés aux outils de production, nombre de PME ne pourront s’offrir ce luxe.
En effet, pour 28% d’entre elles, les investissements sont gelés. La raison invoquée est en premier lieu le manque de fonds propres, loin devant les difficultés à effectuer les emprunts nécessaires. Pour 59% de ces entreprises, le manque de liquidités est imputable au recul des commandes, et pour 24% la main-d’œuvre fait défaut.
Les prévisions concernant le PIB ne sont guère plus rassurantes: de 2,8% en 2018, il est tombé à 0,7% cette année. Et même les projections qui le fixent à 1,3% pour 2020 doivent être tempérées, rappelle l’étude: «La progression du PIB de 0,7% à 1,3% entre 2019 et 2020 est largement due à des circonstances particulières, notamment dans le domaine des licences sportives octroyées à l’occasion de l’Eurofoot 2020.»
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