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Les plans de ce mouvement, conçu en «open source», seront mis librement à disposition.
Difficile, pour ne pas dire impossible, pour des petites marques indépendantes de se passer des services d’ETA, qui appartient à Swatch Group, ou de Sellita, les deux principaux fournisseurs de mouvements horlogers. La mise au point de ses propres calibres est une opération de longue haleine, excessivement coûteuse, que ne peuvent se permettre que de très grandes maisons, comme Audemars Piguet par exemple.
Libre accès
Pour offrir une échappatoire à cette dépendance forcée, et incertaine (Swatch Group a réservé il y a quelques années les ventes de ses mouvements à ses propres marques par exemple), un petit noyau d’horlogers élabore depuis quelques années un mouvement simple, en passe de voir le jour, comme le révélait ArcInfo ce lundi. L’association Openmovement, comme son nom l’indique, s’est donnée pour but de proposer des plans en libre accès, sur le modèle des ordinateurs en open source.
«L’idée est de proposer les plans du mouvement, de telle sorte que si un jour Openmovement venait à disparaître, les marques ne seraient pas démunies et pourraient continuer d’en assembler», précise le président de l’association, Roman Winiger, lui-même horloger indépendant à La Chaux-de-Fonds. On se souvient qu’en 2010, le fabricant de mouvements BNB Concept, à Nyon, mettait la clé sous la porte, laissant sur le carreau de nombreuses petites marques de montres.
Pièces en vrac
Lors d’une phase ultérieure, l’association projette de mettre aussi à disposition des kits d’assemblage, poursuit-il: «On peut imaginer un lot de roues à 50 francs par exemple, sur le modèle de la vente en vrac, et ceux-ci seraient payants car même si notre but n’est pas lucratif, il faudra bien faire tourner l’affaire. Mais grâce aux plans, les petits indépendants ne seront plus menottés.» Un kit brut nécessite encore beaucoup de savoir-faire pour l’assemblage, mais les horlogers pourront trouver dans cette étape une nouvelle possibilité de créer, en dehors de l’habillage de la montre.
Le projet vient de franchir une étape décisive avec la modélisation 3D, et les plans détaillés devraient être achevés au printemps 2020. «Cette phase nécessite encore 200 000 francs, que nous comptons récolter grâce à des dons ou de nouveaux membres.» Un éventuel crowdfunding ne sera mis en place que lorsque le premier prototype sera prêt. L’association compte déjà une trentaine d’adhérents, des horlogers comme des entreprises de la région, et quelque 400 personnes qui se sont déjà annoncées comme de futurs utilisateurs, en Suisse et à l’étranger.
24heures |