Les machines du 5e type de Mecatis débarquent dans les ateliers horlogers
Le 16-09-2019
En passe d’installer sa maintenance à Y-Parc, la société produit la fameuse microfraiseuse 5 axes qui défie les machines géantes.
Elle n’a pas encore franchi les frontières à l’exportation, mais la nouvelle microfraiseuse 5 axes d’un nouveau type, la Micro5, fait déjà fureur dans le monde des manufactures suisses de microtechnique, à commencer par les horlogers, dont certains la font déjà tourner en production. Conçue à Saint-Imier (JB), à la Haute École Arc Ingénierie, développée avec l’aide de la HEIG-VD à Yverdon pour le soft, construite par Mecatis à Isérables (VS) et sous maintenance de son antenne lausannoise, bientôt à Y-Parc, cette machine-outil made in Switzerland est en passe de révolutionner la fabrication des composants micromécaniques de haute précision.
Micro5 et les mastodontes
Présentée il y a trois ans au monde industriel, lancée en novembre dernier, la Micro5 réalise le même travail d’usinage que les «mastodontes» qui peuplent les usines de sous-traitance horlogère. La nouvelle machine à commande numérique est toutefois cinq fois moins volumineuse et peut fabriquer de toutes petites séries de pièces de toutes matières. Et l’ensemble pèse moins de 700 kg avec tous les outillages, contre plus de 2,5 tonnes pour une machine-outil conventionnelle de même fonction. Le professeur Claude Jeannerat, qui l’a conçue avec son équipe dans le cadre d’un projet de recherche, avait tout simplement l’idée d’adapter les dimensions de la machine à la taille des pièces qu’elle usine, d’un diamètre ou d’une arête de 50 mm. Il visait une consommation très faible, sans perdre en vitesse, tout en préservant la haute précision exigée dans la branche.
L’industrialisation de la machine lui donne raison, avec des résultats même au-delà de ses espérances, puisque le modèle assemblé par Mecatis fonctionne avec une puissance de 500 watts – moins qu’un sèche-cheveux! – contre 25 kilowatts (kW) pour un équipement actuel comparable. Jusque-là, l’enjeu des fabricants consistait en effet essentiellement à faire monter cette puissance qui sert principalement à faire tourner les éléments mobiles taillant les pièces dans le matériau. Or, dans la Micro5, les masses en mouvement ont été considérablement réduites.
«C’est une machine innovante qui consomme très peu d’énergie, est très précise et dont la finition est d’excellente qualité», s’enthousiasme Samuel Vuadens, fondateur et directeur de Mecatis. Il n’hésite pas à parler d’une innovation de «rupture» dans le monde industriel au même titre que l’imprimante 3D, celle-ci pouvant produire une ébauche de la pièce tandis que la Micro5 s’occupe de la finition avec toute la précision voulue. Sa société, qui compte désormais une quinzaine d’employés, a déjà livré cinq unités depuis neuf mois, et elle en assemble désormais 20 à l’année dans ses ateliers d’Isérables, situés dans le bâtiment de la station d’arrivée du téléphérique qui monte depuis Riddes.
Le directeur, ingénieur en mécatronique, ne veut pas s’avancer sur des prévisions de vente. Il remarque toutefois que si le rythme de production devait croître fortement, il faudrait sans doute redescendre en plaine pour trouver une halle à sa taille. Il faut relever que le prix de cette machine d’avant-garde se monte aujourd’hui entre 150'000 et 200'000 francs selon les options, contre 400'000 en moyenne pour une grosse machine sur le marché.
On estime à près de 2000 le nombre de machines CNC de ce type en fonction dans le secteur horloger entre Genève et Bâle. Mais la Micro5 dernier cri, dotée d’outillages spécialisés développés avec différents partenaires industriels, et les prochaines versions équipées avec des capteurs de données et la technologie d’intelligence artificielle sont destinées également aux secteurs du médical (prothèses et dispositifs médicaux), de la bijouterie-joaillerie et de la micromécanique en général. Ce vaste potentiel de clientèle dans le monde de la microtechnique explique les raisons qui poussent Mecatis Maintenance, actuellement à la rue de Genève à Lausanne, à se rapprocher de l’arc jurassien. La société valaisanne pourrait ainsi compter à terme entre 5 et 10 collaborateurs basés sur le site d’Y-Parc, mais appelés à intervenir de manière mobile avec des véhicules tout équipés.
À l’origine, la société Mecatis – née en 2007 – n’est pas un constructeur de machines, mais un intégrateur industriel, une société de services qui s’occupe de maintenance et de modernisation d’équipements et de systèmes. Elle développe des solutions de procédés industriels.
Comment en est-elle venue à se transformer en fabricant de machines? «C’était une opportunité, une chance d’avoir été là au bon moment, grâce à mon réseau dans le domaine micromécanique», indique Samuel Vuadens. Sa société est ainsi l’une des rares ayant obtenu une licence d’exploitation et un transfert technologique pour un projet qui promet des développements considérables dans le futur dans ce qu’on appelle l’industrie 4.0, utilisant les nouvelles technologies comme l’internet des objets et le cloud, afin de développer des micro-usines au sein même des manufactures.