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La PME de Besançon se développe en mélangeant ancrage régional et croissance externe avec l’objectif de devenir leader européen du composant connecté et intelligent.
De l'horlogerie aux composants électroniques, c'est l'histoire de Cryla, PME de 120 personnes installée à Besançon (Doubs), qui réalise 14,5 millions d'euros de chiffre d'affaires. Créée en 1951 par Gérard Langel, elle se diversifie dans les années 60 dans l'aéronautique puis est rachetée par la société Artus en 1978, elle-même intégrée en 2001 au groupe américain Danaher. En 2009, Thierry Bisiaux, directeur général depuis dix ans, reprend l'entreprise pour 2 millions d'euros. « Au moment où je voulais quitter l'entreprise dans l'intention de devenir entrepreneur, je me suis tout de suite dis : je vais racheter Cryla » évoque Thierry Bisiaux, qui profite de la crise de 2008 pour acquérir la PME que Danaher cherchait à vendre.
L'ingénieur gadzarts (comme on appelle les diplômés de l'École nationale supérieure d'Arts et Métiers), également titulaire d'un master en administration des affaires de l'IAE d'Aix-en-Provence se lance dans l'entreprenariat à 42 ans. Cryla fabrique des composants de précision en métal et plastique pour l'aéronautique et l'industrie médicale, en particulier pour Audika (appareils auditifs) et Carmat (cœur artificiel). L'entreprise a racheté en 2011 une société de prototypage spécialisée dans le développement pour le luxe et les bureaux d'étude renommée Cryla Developement. Une croissance externe qui continue avec le rachat tout récent de la société MEGEP de Pirey (Doubs), experte en usinage et assemblage de pièces mécaniques complexes. Créée en 1980, cette entreprise réalise un chiffre d'affaires de 4 millions d'euros sur les marchés de l'énergie, de l'aéronautique, du luxe, de l'automobile et du médical.
Il y a trois ans, Thierry Bisiaux a embauché une nouvelle personne. Le duo a imaginé le projet industriel l'Odyssée Bleue qui doit aboutir à un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros en 2025. Ce projet est composé de sept axes : l'innovation, l'international (25 % du chiffre d'affaires), la RSE, l'industrie 4.0 - Thierry Bisiaux est ambassadeur de l'industrie du futur -, la performance opérationnelle, la miniaturisation des composants et la construction des briques technologiques.
Objectif : devenir leader européen du composant connecté
« Ces sept axes doivent nous permettre de devenir en 2025 leader européen du composant connecté et intelligent. C'est un projet régional à vocation internationale. Notre chance est d'avoir toutes les compétences nécessaires en région Franche-Comté » affirme l'ingénieur gadzarts. Bpifrance accompagne Cryla depuis 2008 sous forme de prêts de développement et prêts verts, et d'une garantie pour les prêts bancaires privés. Cryla fait partie de la première promotion de l'accélérateur PME de Bpifrance pour la Région Bourgogne Franche-Comté : « j'ai eu beaucoup d'échanges avec mes pairs et aujourd'hui j'envoie des trentenaires de mon équipe. Ça nous aide à mieux identifier nos forces et nos faiblesses pour atteindre notre objectif » explique Thierry Bisiaux.
Cryla innove en créant par exemple la start-up interne Scalia équipée d'imprimantes 3D et d'une découpe jet d'eau haute précision. « J'ai en confié les rênes à un jeune de 27 ans » se félicite le directeur général. Une nomination bien dans l'esprit de la French Fab qui cherche à attirer les jeunes talents dans l'industrie. Convaincu que « les chefs d'entreprise doivent être de leurs temps », Thierry Bisiaux a mis en place une stratégie de communication qui passe par les réseaux sociaux comme LinkedIn, qui constituent une aide précieuse pour le recrutement.
Le directeur général estime qu'en tant qu'entrepreneur, il a « des droits et des devoirs. L'entreprise doit apporter plus que la simple production de produits ». Illustration avec cette commande à l'horloger et designer Philippe Lebru pour réaliser une œuvre monumentale intitulée « Kalam la naissance du groupe » qui sera insérée dans un mur des locaux de la société franc-comtoise. Cryla connaît actuellement une croissance forte de +25 % principalement grâce au dynamisme de l'industrie aéronautique qui représente 60 % du chiffre d'affaires.
En mêlant talents locaux et taille critique grâce aux opérations de croissance externe, Thierry Bisiaux veut devenir un exemple pour les autres PME de sa région : « nous voulons fédérer les chefs d'entreprises qui veulent s'engager dans la société au-delà de leur activité économique ».
La Tribune |