|
Apple a dévoilé mercredi soir la dernière génération de sa montre connectée. En Suisse, c'est tout un secteur qui retient son souffle.
Organisée chaque début d’automne dans le Steve Job Theater – l’auditorium en forme de soucoupe volante dominant le parc du siège d’Apple – la conférence attire autant les geeks que les analystes financiers. Pour une bonne raison. Les caractéristiques des nouveaux produits dévoilés ce jour-là intéressent autant les aficionados de la marque à la pomme que ceux chargés d’estimer ses recettes à venir. Mais aussi ses concurrents helvétiques.
Mercredi, cette réunion du cercle de ses fidèles – son «Gather Round» – était bien sûr centrée sur l’iPhone, dont le groupe tire plus de la moitié de ses ventes. Et plus précisément sur les nouvelles versions du dispendieux iPhone X (lire encadré). L’objectif de la multinationale ne vise plus seulement le nombre d’appareils écoulés – Apple a été relégué au troisième rang des vendeurs de smartphones par le chinois Huawei – mais leur prix de vente.
En juillet, le groupe californien évoquait un tarif moyen de 724 dollars pour ses iPhone, au lieu des 606 dollars enregistrés il y a un an. Pour que la fièvre monte, il faut doter ces appareils de nouvelles fonctions, de meilleurs écrans et processeurs. Et rien de tel qu’un «Gather Round» pour entretenir la transe.
Le spectre de l’Apple Watch
Vue de Suisse, la grande parade automnale de Cupertino présente un autre intérêt: elle a levé le voile, dès son ouverture, sur la quatrième génération de l’Apple Watch (lire encadré). Mercredi, avant même sa présentation dans la soirée, ce micro-ordinateur de poignet – déjà la montre la plus vendue au monde – a fait transpirer certains observateurs du secteur.
«L’industrie horlogère a longtemps assuré que l’Apple Watch n’avait rien à voir avec ses montres alors qu’ils sont en train de s’approprier l’essence même de cet objet, dont la valeur sociale a totalement changé», s’est ainsi insurgé le spécialiste Xavier Comtesse. Intervenant mercredi à Genève au CREA Luxury Day – une journée de conférences dédiée aux «disruptions» affectant le secteur du luxe – ce dernier a mis en avant trois chiffres clés.
«Tous les marqueurs de l'horlogerie sont à terre»
La haute horlogerie mécanique helvétique encaisse 16 milliards de francs par an en écoulant 8 millions de montres. Les ventes mondiales de montres connectées atteignent également 16 milliards, mais il s’en achète 80 millions par an. Enfin, il y a «tout le reste», ces 800 millions de montres – essentiellement à quartz et fabriquées en Chine – qui rapportent également 16 milliards.
«Égale aux deux autres pans du marché, l’horlogerie suisse dicte encore le jeu, mais pour combien de temps?» s’est interrogé l’orateur. Qui évoque un «défi du positionnement» du secteur, alors que «tous ses marqueurs sont à terre, comme le reflète le déclin de (la foire horlogère) Baselworld».
«La smartwatch? L'une des tendances majeures»
Gilles Haumont, du cabinet d’étude Tsquared Insights, relève de son côté une «accélération phénoménale» de la diffusion des nouvelles tendances. Analysant les recherches effectuées sur Google par un panel de 100 millions d’internautes, il identifie les «smartwatches» comme «l’une des tendances majeures actuelles». Les enquêtes de Tsquared révèlent que TagHeuer apparaît comme la marque suisse dont l’entrée du nom recoupe le plus la quête de montre connectée sur Internet
Par Pierre-Alexandre Sallier
24heures.ch
|