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Les PME prometteuses du Jura (I)
 
Le 09-07-2018

Qu’elles aient cinq ans ou près d’un demi-siècle au compteur, ces entreprises jurassiennes cultivent l’esprit d’innovation. Notre série.

Technologie et créativité sont les maîtres mots des petites et moyennes entreprises du canton du Jura et du Jura bernois. Des atouts qui permettent à ces sociétés de se démarquer de la concurrence étrangère et de se diversifier.

Longtemps concentrées sur le secteur horloger, plusieurs d’entre elles ont ainsi pu étendre leurs activités au médical, à l’aéronautique, à la construction ou encore à la défense.

L’informatique et le digital constituent un autre domaine d’avenir pour la région. En l’espace de quelques années, des start-up prometteuses se sont constitué une solide clientèle dans ce secteur. Le tissu des PME jurassiennes reste, en outre, fortement marqué par la sous-traitance.

Pibor

Pièces horlogères
Aspect prometteur: diversification dans l’industrie de précision et certification durable
Fondation: 1952
Direction: Cédric Bourquard
Lieu: Glovelier
Nombre d’employés: 135

Historiquement, Pibor se positionne sur un marché de niche. La PME fondée par la famille Bourquard en 1952 fabrique essentiellement des couronnes et poussoirs – les boutons qui permettent d’actionner le mouvement des montres – pour l’industrie horlogère suisse. Elle exporte seulement 1,3% de ses pièces à l’étranger.

Deux événements récents ont pourtant accéléré la mutation de l’entreprise. La crise horlogère, qui s’est soldée par une année 2017 particulièrement difficile pour la société, ainsi que l’arrivée de Cédric Bourquard et de son frère Jérôme à la tête de la PME, en 2015. «Nous valorisons actuellement notre savoir-faire afin de proposer nos compétences d’usinage, de finition et d’assemblage à d’autres marchés ayant besoin de pièces de précision», explique Cédric Bourquard. Dans un avenir proche, ce dernier souhaite voir passer les productions non horlogères de Pibor de 10% à 25% de l’activité environ.

La valorisation du savoir-faire passe concrètement par des investissements annuels représentant 5 à 10% du chiffre d’affaires. «Nous avons investi des montants importants dans l’achat de machines, et cela même au plus fort de la crise.» La société a également redoublé d’efforts pour obtenir de nouvelles certifications. «Pour se distinguer de nos concurrents et offrir à nos clients des garanties, nous respectons depuis trois ans les standards du Responsible Jewellery Council (conseil de la joaillerie responsable).»

Pibor mise enfin sur la formation du personnel avec un fonds dédié. «Cela va de la formation aux machines, en passant par le management ou le contrôle qualité. Nous sommes fiers d’avoir une moyenne de douze ans d’ancienneté dans l’entreprise.» Cédric Bourquard estime qu’il a, en tant que directeur d’entreprise, un rôle social à jouer: «L’important, ce n’est pas ma petite personne, mais que, dans trente ou cinquante ans, il y ait encore des gens qui travaillent et aiment travailler chez Pibor.»

INNOmaterials

Mise au point de matériaux pour l’industrie
Aspect prometteur: élastomères spéciaux pour l’horlogerie
Fondation: 2014
Direction: Filomeno Corvasce
Lieu: Courroux
Nombre d’employés: 5

Le succès d’INNOmaterials est intimement lié à celui de son fondateur, Filomeno Corvasce. Ce Français, titulaire d’un doctorat à l’Université de Metz en physique des matériaux, a une carrière déjà bien riche derrière lui. Il a travaillé vingt ans au sein de la multinationale Goodyear au Luxembourg. De cette expérience, il tire un épais carnet d’adresses ainsi qu’une large maîtrise des formulations chimiques de caoutchoucs spéciaux – il a participé au dépôt de 80 brevets.

Repéré par l’entreprise jurassienne Biwi, Filomeno Corvasce s’est installé dans le canton en 2008, avant de fonder sa propre société en 2014. «J’ai réalisé qu’il y avait un manque dans la région, analyse-t-il. La micromécanique est reine ici, mais l’innovation en matière d’élastomères et de silicones reste relativement limitée.» Avec sa start-up de cinq personnes, il produit ses propres mélanges d’élastomères et travaille sur mandats. «Nos clients viennent chez nous pour que nous imaginions la recette de cuisine du matériau désiré. Nous mettons au point cette formule et faisons tous les tests nécessaires sur les prototypes. Nos machines peuvent produire jusqu’à 100 tonnes de matière.» L’insertion de parfums dans les plastiques et les caoutchoucs figure parmi les innovations remarquées d’INNOmaterials.

Avec un bureau en Suisse et un autre au Luxembourg, la société touche une large clientèle. «Nous travaillons à 50% pour l’horlogerie, mais aussi dans d’autres domaines tels que les pneumatiques, les implants oculaires, les revêtements routiers, etc.» Filomeno Corvasce est propriétaire majoritaire d’INNOmaterials, à hauteur de 66%, aux côtés de la fondation Fitec, actionnaire à 34%. La PME bénéficie aussi du soutien de Creapole et de la Promotion économique du Jura. « Cette année, plusieurs projets de R&D passeront en mode industriel. Nous anticipons en 2018 une augmentation du chiffre d’affaires de l’ordre de 50%.»

Productec

Informatique pour les machines-outils
Aspect prometteur: expertise dans l’industrie 4.0
Fondation: 1988
Direction: Cyrille Monnin
Lieu: Rossemaison
Nombre d’employés: 22

C’est le potentiel de Productec qui a convaincu le Jurassien Cyrille Monnin de reprendre l’entreprise en 2016, après une carrière internationale. «Deux éléments ont été déterminants dans ma décision, explique-t-il. La renommée de la société dans des secteurs que j’apprécie, l’horlogerie et le médical, ainsi que la situation géographique de la PME, au cœur d’un tissu industriel dynamique.»

Productec développe deux types de services pour ses clients. D’une part, elle implémente et personnalise, depuis 1988, des logiciels de commande de machines-outils. D’autre part, elle connecte les machines d’un atelier afin de récolter de l’information. «Nous nous reposons sur des années d’expérience dans l’informatique des machines-outils pour proposer aujourd’hui un véritable tableau de bord digital pour les ateliers de fabrication de pièces.» La société, dont l’augmentation du chiffre d’affaires annuel est comprise entre 5 et 10%, table aussi sur une présence accrue en Suisse alémanique ces prochaines années.

CLA Clinical Laboratory Automation

Robotique
Aspect prometteur: cellule de chronométrie autonome pour Vaucher Manufacture
Fondation: 1997
Direction: Patrick Fleury
Lieu: Delémont
Nombre d’employés: 30
L’année 2017 fut importante pour CLA. La PME a fêté ses 20 ans et a fait parler d’elle en livrant à la fabrique horlogère Vaucher Manufacture Fleurier une cellule de chronométrie dernier cri. Celle-ci certifie la fiabilité des montres et mouvements en toute autonomie et de manière continue.

«Nous misons sur des mandats à forte valeur ajoutée et avec une complexité élevée», souligne le directeur, Patrick Fleury. Concrètement, les ingénieurs en microtechnique et en informatique de l’entreprise réalisent des appareils de mesure, des systèmes de transport, des capteurs, des cellules robotisées, etc. Ils conçoivent également des solutions software variées pour leurs clients. Ces derniers sont principalement suisses et actifs dans les secteurs de l’horlogerie, du médical et de la microtechnique. Les technologies médicales sont un secteur d’avenir pour CLA. «Le domaine médical, basé sur la qualité ’Swiss made’, requiert une grande sécurité des produits. L’historique de fabrication doit être consultable à tout moment. Nos produits rendent possible cette traçabilité.»

JuraTronic

Informatique
Aspect prometteur: logiciels professionnels personnalisables
Fondation: 2013
Direction: Yannick Farrer
Lieu: Porrentruy
Nombre d’employés: 6
Jeune entreprise informatique créative, JuraTronic développe des produits pour des clients très différents. A destination du grand public, elle a mis au point un sac connecté dont le contenu est consultable sur une application. Elle a également imaginé la plateforme Dansmonquartier.ch, un site d’e-commerce commun à plusieurs enseignes en Ajoie.

La majeure partie de son activité se concentre néanmoins sur la vente de produits IT aux entreprises. «Nous vendons des logiciels de gestion web à des marques ou à des sous-traitants actifs principalement dans l’horlogerie et le médical», explique le propriétaire et fondateur de la société, Yannick Farrer. Ces outils informatiques appelés ERP permettent de gérer les stocks, la facturation, le suivi du temps de travail, etc. «L’idée est de saisir l’information une fois, puis de l’utiliser partout. Nous attachons aussi une grande importance à la personnalisation de la plateforme pour le client et à son ergonomie.» Confiante, la petite société a engagé deux nouveaux collaborateurs en mai 2018.

Par Blandine Guignier
PME Magazine

 



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