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Près de la moitié des sociétés présentes au Salon de la sous-traitance de Genève mettent leur savoir-faire au service du medtech.
L’horlogerie repart à la hausse et le Salon EPHJ (Environnement Professionnel Horlogerie - Joaillerie), qui a ouvert les portes de sa 17e édition hier à Palexpo - Genève, s’en ressent déjà. Depuis fin 2017 les commandes affluent, et les sous-traitants, premiers touchés en cas de crise, retrouvent le sourire. Tous ne l’avaient cependant pas forcément perdu ces deux dernières années, car le secteur se diversifie vite. Pour cette édition, qui attend plus de 800 exposants, 430 entreprises sont directement liées à l’horlogerie, ce qui correspond au cœur historique de la manifestation.
Passerelles
Mais, grande nouveauté, elles sont 360 cette année à proposer leurs services et leurs innovations au domaine médical, contre 284 l’an passé: le volet Swiss Medical Technologies (SMT) du salon grandit, et regroupe désormais 43,6% des exposants. Certaines sociétés gardent plusieurs fers au feu et servent les deux domaines, mais le transfert vers le medtech est net. «C’est un juste retour des choses, observe André Colard, l’un des cofondateurs du salon. Il y a plus de vingt ans, l’horlogerie a puisé dans l’univers médical, lui empruntant les salles blanches, le laser, la céramique ou l’inox, et aujourd’hui, les sous-traitants mettent leur technique à disposition du medtech».
Nouveaux procédés
La demande en nanotechnologie est croissante, et nul n’est mieux placé qu’un sous-traitant horloger pour allier précision, miniaturisation et nouveaux procédés. À titre d’exemple, l’une des PME nommée pour le Grand prix du salon s’est distinguée pour avoir mis au point une technique d’assemblage de la céramique et du verre grâce à une nouvelle colle, invention destinée à l’horlogerie - joaillerie, mais qui trouvera bientôt des débouchés dans le secteur médical. «C’est la fonction de notre salon que de servir de plateforme pour que ces savoir-faire s’expriment et trouvent des débouchés, appuie son directeur Alexandre Catton. Les entreprises se diversifient, même si les racines restent attachées en terre horlogère. C’est la preuve que les exposants font des affaires entre eux, aussi bien qu’avec les visiteurs». Les stands embellissent un peu, mais restent à taille humaine. Ni surenchère, ni dépense inutile: «Nous sommes dans le monde du savoir-faire, de l’innovation, pas en vitrine», rappelle André Colard, qui a défini l’esprit de ce rendez-vous et n’entend pas s’en éloigner. Certains stands gagnent en taille, mais, à bien y regarder, c’est à la suite d’absorption d’une société par une autre, ou du rapprochement de plusieurs d’entre elles sous un même étendard. «Ils gagnent en taille, en masse critique, avec des systèmes de production intégrée afin de proposer divers types de services à leurs clients, marques horlogères, sociétés médicales ou autres», analyse Alexandre Catton. La Suisse est un pays de PME, et le salon en est l’illustration parfaite: les quelque 800 présentes à Genève (dont 80 nouvelles venues), proviennent de 22 cantons. En tête, l’arc jurassien, avec 172 entreprises neuchâteloises, et 133 bernoises. Les 20% d’étrangères proviennent de France, d’Italie et d’Allemagne, mais aussi du Japon, d’Amérique du Sud et des États-Unis. Les start-up sont également présentes, et sont regroupées dans un pool dédié, afin d’accroître leur visibilité. Le salon se modernise aussi avec la création d’un «pitch corner», lieu où présenter brièvement son projet, le tout filmé, monté, et mis sur Internet.
Main-d’œuvre et recherche
Président de la Fédération horlogère, Jean-Daniel Pasche rappelle l’importance de la main-d’œuvre: «Une table ronde destinée aux étudiants horlogers, ce vendredi, doit donner le goût de s’engager, y compris à l’étranger, car nous avons besoin de gens qualifiés qui soient sur les marchés et assurent le service après-vente». Selon un récent sondage effectué pour le salon, 71,3% des entreprises estiment en effet que les problèmes de recrutement et la pénurie de main-d’œuvre représentent un facteur important de risque pour leur développement et leurs activités. Invité en tant que président d’Innosuisse, André Kudelski a pour sa part présenté les efforts faits pour aider financièrement ces mêmes entreprises dans la recherche appliquée menée conjointement avec les grandes écoles.
Par Ivan Radja
Tribune de Gèneve
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